ART,  Dans les rues

Dans les rues de #1 … Lille

Bonjour mon petit Maurice, 

Cela fait un bon petit bout de temps que je ne t’ai pas parlé d’art urbain. Lors de mon voyage à la capitale des Hauts de France, je me devais de repartir à la découverte de son street art.

Je sens que tu commences à comprendre mon engouement pour cet art, sa liberté d’expression, son ouverture d’esprit, ses différentes techniques, ses codes (oui, si je te jure, le street art à ses propres codes, je te les expliquerais sans doute un jour dans un article bien complet), …

Bref, tu mets tous ces paramètres dans un bol, tu mélanges bien le tout délicatement avec une cuillère et … PAF, ça fait des (chocapics), mais surtout des œuvres de dingues.

Alors, accompagnée du dernier guide du street art en France, aux Editions Gallimard de 2019-2020, je me suis lancée dans une grande balade de presque 1h30, à fouiller, trifouiller et chercher les œuvres lilloises.

Et de jolies pépites sont à découvrir, crois moi !

Lille est le lieu de nombreux événements street art, comme la Biennale Internationale d’Art Mural (BIAM). Organisé tous les deux ans par le Collectif Renard d’avril à juin (généralement), c’est l’occasion de voir à l’œuvre oeuvre de grand street artistes et de découvrir des fresques gigantesques. Cette année, pour l’édition 2019, c’est l’esprit Eldorado qui s’est emparé des rues de Lille. Je te conseille vraiment d’aller y faire un tour, et lever les yeux pour les admirer.

Découverte du street art avec le Guide

Commence ce périple par la Gare Saint-Sauveur. Cette ancienne gare ferroviaire s’est ouverte aux transports de marchandises en 1865, et ferma ses portes en 2003. S’en suit depuis 2005 une vaste campagne de rénovation de cette friche de 23 ha, reconstruction autour du projet de développement artistique de ce quartier de Lille. En 2009, pour l’occasion de la manifestation culturelle Europe XXL, une partie de l’espace Saint-Sauveur a réouvert au public comme lieu d’exposition. D’année en d’année, la ville de Lille en profite pour en faire un lieu emblématique de la vie culturelle et artistique lilloise : c’est le lieu de nombreux événements, mais aussi un cinéma jeune public, ou encore une ferme urbaine.

Malheureusement, lors de ma visite, le lieu n’était pas accessible. Maiiiiiis, j’ai pu y découvrir l’oeuvre d’Hervé Di Rosa qui trône fièrement sur la façade de la Gare.

Bon, trêve de bavardage, on longe le jardin pour atteindre différentes fresques monumentales de Mickaël Barek et M-City, réalisé lors de la deuxième saison de la BIAM. Mais lève les yeux, tu pourrais aussi voir un petit Bob l’éponge qui se balade sur le mur, on ne sait jamais.

Continues un peu vers Rue d’Arras et poursuis vers le quartier de Wazemmes. 

Un saut au Flow te fait découvrir une fresque sur taule juste top : Jeroo, Spyre, Sly2, Grey, Eyes.B et Sancé se sont lancés dans une fresque haute en couleur impressionnante avec son énorme rat gangster. 

Mais tiens, c’est quoi le Flow ? Le Flow est un autre lieu (ultra) dynamique de l’art urbain lillois ouvert en 2002. Aussi nommé Centre Eurorégional des Cultures Urbaines, c’est LE lieu de création pour notamment le rap, la danse, le slam ou encore le graff. Un véritable lieu d’échange, de formation, de réflexion autour de différentes disciplines urbaines. Bref, un lieu bien sympathique et ses façades sont ponctuées de différentes fresques que je te conseille vraiment de découvrir et de décrypter.

Dans la rue, tu trouveras aussi ce mur de l’amour que j’ai mis tant de temps à lire, lire et relire … . Une bonne dose de chaleur humaine, dans ce monde de brutes, crée avec les habitants du quartier. Des cris du cœurs qui font du bien, tellement de bien ! Alors FOOOONCES-Y !

Poursuis en prenant la rue de Wazemmes. 

Sur la route, de nombreux affichages sauvages sont visibles dont notamment les affiches du Gang du Clito, qui a fait grand bruit face au message véhiculé par cette campagne. L’objectif de Julia Pietri, à l’origine de ces affichages : libérer la sexualité féminine et l’analphabétisme sexuel.

Des affiches qui interpellent encore toujours et qui perdurent depuis la journée de la femme. C’est ça aussi le street art : défendre ses idéologies et provoquer les passants (ahah, désolé, c’était mon petit moment de militante féministe).

On retrouve aussi des collages de nombreux autres artistes, des stickers, mais aussi … mais que vois-je ? Ne serais-je pas le petit mouton de The Sheepest que j’ai pu voir, voir et revoir lors de mon escapade street art à Grenoble ? Et bien, c’est bien lui et ça m’a drôlement surprise d’en voir dans le Nord de la France. 

Plus loin, au croisement avec la rue des Meuniers, retourne toi et lève les yeux sur l’imposant mur de briques : dis bonjour à l’immense fresque du célèbre artiste Monkeybird. Je suis une grande fan de son graphisme et de son esprit très architectural, renaissance. 

Arrivé rue Chevreul, on rentre dans la partie du quartier la plus intéressante artistiquement parlant. Pourquoi ? Parce que de nombreux artistes ont participé à l’événement « Les Fenêtres qui parlent ». 

Cet événement, qui se renouvelle cette année du 4 au 25 mai 2019 pour la 18e édition. Il est vrai qu’à travers une fenêtre, on peut présenter ses convictions, ses origines avec un drapeau, … Bref elles permettent d’en savoir plus sur nous malgré qu’elles restent la seule frontière entre notre vie privée et notre vie publique. Cette année, c’est plus de 1500 fenêtres qui sont mises à disposition des artistes par les habitants pour les décorer, les embellir. Bref, une chouette initiative qui permet de rapprocher encore plus les artistes des Lillois et tout ça pour notre plus grand plaisir.

Voici donc quelques clichés de ce quartier qui m’a paru bien calme face à la frénésie du centre de la ville.

On finit cette grande balade par les rues environnantes la rue des Sarrazins avec une oeuvre de Violent Rabbit (n°3) et la fresque colorée de Shure et Meda. Si tu vadrouilles un peu, tu trouveras aussi d’autres collages sauvages, ou des pochoirs noir et rouge comme ceux-ci.

Et le street art dans le reste dans la ville ? 

Bon, voilà où se termine cette balade avec le Guide, mais pourquoi ne pas continuer un peu plus dans la ville et le centre historique.

Et oui ! Lors de ma dernière visite, j’ai eu la chance de trouver dans la vieille ville de nombreux collage de Line-Street et ses petits Bou trop choupinous, mais … pas un seul Bou à l’horizon lors de mon excursion (je pleurais intérieurement crois moi …). Cependant, j’ai pu retrouver les collages sauvages que j’aime tant : des organisations anarchiques mais bizarrement harmonieuses. Balades toi, perds toi, tu verras, c’est la meilleure manière de tomber sur de jolies œuvres.

On peut aussi admirer au niveau de l’Aéropostal, un Monsieur Chat plus vrai que nature. Alors, il m’en bouche un coin à chaque fois et je l’adore tant, tant, tant … Comment ça, je suis une fan de Monsieur Chat ? Je ne vois pas de quoi tu parles, ahhah !

Continues le long de l’Aéropostal vers les nombreuses fresques qui longent le parvis, elles ne sont certes pas impressionnantes, mais elles permettent de dynamiser, colorer et développer la curiosité et interrogations des passants. Interpeller, un des nombreux points forts de cet art.

On remarque que la ville a vraiment été marquée par les différents mouvements sociaux de ce début d’année : les mouvements écologiques, végétariens, les mouvements féministes et le mouvement des gilets jaunes. Je pense faire un article complet sur les fonctions du street art et leur rôle dans ces mouvements. J’espère qu’il te plaira.

Je ne pouvais pas finir cet article sans parler de MIMI the clown. Un peu de punk attitude dans des collages noir, blanc et rouge : c’est le credo de l’artiste et je ne pense pas que l’on peut parler du street art de la ville sans parler de MIMI. Avec son parti-pris de parler politique, problèmes sociaux avec son cynisme et son humour décalé, l’artiste dessine une vision pleine de rage de notre société, dans un esprit hautement burlesque. L’artiste est là pour « livrer une critique acerbe de la société de consommation et du spectacle », comme le dit si bien Gil CHAUVEAU en 2014. Voici un échantillon de ses œuvres, principalement découvertes aux alentours de la Grande Place.

Voilà, c’est bon, j’ai enfin fini mon monologue.

Avant, je te lance un défi mon petit : à toi de partir à la chasse aux poissons ! Et non, je ne rigole pas, le collectif « Les Poissons » colonise chaque mois un peut plus la ville avec des poissons que l’on retrouve sur les murs, sur les vitres, sur les trottoirs, … PARTOUT ! Je me suis amusée à les chercher et la pêche n’a pas été bonne, photos à l’appui. Alors je t’attends pour dégoter plus de poisson que moi. Pourrais-je compter sur toi ? 

 

Petit point sur le guide que j’ai pu mettre à l’épreuve pour les villes de Nantes, Rennes et ici Lille.

Le livre est un condensé d’informations sur différents parcours street art sur 10 villes françaises comprenant Lille, Nantes, Rennes, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Sète, Marseille, Lyon et Strasbourg. Pour chaque destination, un parcours avec plan et descriptifs des fresques, collages, pochoirs, … . Les artistes et collectifs emblématiques de chaque destination sont présentés et mis en avant dans des petits encarts « FOCUS » et « ZOOM SUR ». Pour une balade aux petits oignons, quelques bars, restaurants, ateliers-boutiques te sont proposés pour découvrir avec les yeux ou les papilles encore un peu plus la ville.

Bref, cet ouvrage est vraiment bien documenté et complet. Un bon début quand on souhaite mettre un premier pied dans l’univers du street art et découvrir sa ville différemment.

Une version Paris est aussi en ma possession, je te dirais ce que j’en pense très prochainement, car on me dit dans l’oreillette que je vais retourner d’ici peu dans la capitale … Affaire à suivre !

 

Guide du street art en France, Edition 2019/20, Edition Gallimard – Collection Alternatives, 2019. 13,50€


C’est ici que s’achève ce nouvel article.

J’espère qu’il t’a plu, n’hésites pas à me le dire dans les commentaires.

N’oublie pas de prendre soin de toi et … à la prochaine, 

Kenavo, 

 

Margaux

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