Portrait d’artiste #4 – Seb Bouchard
Hey, hey, hey Maurice !
J’espère que ça va bien par ici !
On reprend du service avec un nouvel artiste, un nouveau portrait, depuis le temps que je me devais de te le présenter.
Si tu me suis sur Instagram (sinon, c’est juste par ici), tu as déjà pu voir ses peintures/collages nantais que je te partage assez régulièrement, je dois l’avouer. Je te parle bien évidemment de Seb Bouchard.
On sort le tourne-disque, ou on enclanche l’écoute de ce petit edit « boucharisé » fait il y a quelques années, et c’est parti pour un petit tour d’horizon de l’artiste.
Alors, let’s go !
L’artiste
Derrière Seb Bouchard, se cache Sébastien, la quarantaine, artiste nantais qui colore les rues de sa ville (mais pas que) depuis maintenant 4 ans.
Issu d’une famille d’artistes entre un arrière-grand-père qui a fait les Beaux-Arts, un papa peintre amateur, et une maman photographe, l’art s’est très vite imposé et glissé naturellement dans sa vie. Après avoir arpenté le Musée des Beaux-Arts de Nantes dès son plus jeune âge, Seb Bouchard découvre le pochoir, inspiré par la culture skate et la musique rock alternative des 80’s. Il met alors un orteil dans la culture urbaine.
Inspiré par les plus grands tels que ROA, Eric Lacan, Pascal Boyart, Levalet, Blek le Rat, Jeff Aerosol, Ernest Pignon Ernest, ou encore Eddie Cola, il s’émerveille sur le travail de ces artistes qui ont réussi à transporter le spectateur au delà de la technique en créant l’émotion ou en racontant une histoire.
Son oeuvre, son message
Mélanger une pincée de quiétude, une cuillère de paix, un soupçon de joie, une dose de mystère : tu obtiendras le doux monde poétique de Seb Bouchard.
Son message est simple : il n’en a pas.
« Plutôt que des messages (on est abrutis de messages en permanence par la pub, les médias, les réseaux sociaux) je préfère chercher à susciter des émotions ».
L’artiste caractérise son univers comme autonome : ses œuvres vivent et évoluent au travers du regard des passants, sans besoin d’explications ou de justifications. On y retrouve sa patte unique faite d’accumulations de fonds graphiques, colorés, où se mêlent personnes et personnages hybrides.
« Tout mon travail change régulièrement, mais une des bases, c’est de vouloir superposer les éléments graphiques pour donner plusieurs visions possibles et jouer avec l’œil ».
Son travail est en constante évolution, mais on remarque l’influence de la culture africaine, des imprimés et des couleurs vives. Ayant passé une partie de sa vie en Afrique, sa culture dispose d’une place toute particulière dans son coeur et il y puise de nombreuses références et inspirations. Photo, peinture, la vie quotidienne de Dakar : tout l’inspire et ça se résulte dans les tableaux et collages qui nous sont proposés.
J’ai eu la chance de découvrir l’artiste au détour des ruelles du quartier des Olivettes, à Nantes. C’est alors que ma curiosité m’a donné l’envie de pousser les portes de l’exposition collective Ho(m)me in Progress, réalisée en septembre 2019, avec l’Arthy-show. Une exposition dont l’artiste est fier et il peut l’être. Artiste, mais aussi commissaire d’exposition, il réunit 8 artistes urbains et contemporains locaux pour redonner vie à un vieux bâtiment nantais de 3 étages. Depuis la fin de cette exposition, cette bâtisse est devenue un logement pour sans-abris. Amener l’art dans un projet solidaire est une évidence pour moi comme pour l’artiste.
Solidaire et humain. Le lien social développé lors de la création d’oeuvre est aussi un point d’honneur pour l’artiste. C’est dans une concession d’un petit village de Gambie qu’il a pu créer ce lien en apposant une série de collage. Lieu insolite pour un moment insolite et inoubliable pour l’artiste.
Prochain objectif pour détrôner l’insolite : peindre la coque d’un bateau encore en activité. Quelqu’un de preneur ?
Sa vision de la rue et du street art
En plus de son activité dans la rue, faite de collage sur papier et mural, l’artiste propose tableaux et customisations en tout genre de tous supports.
« L’activité en pleine rue et la réalisation d’œuvres pour des galeries sont indissociables, mais l’adrénaline et le plaisir offert au public de la rue est incomparable. »
Ce qu’il apprécie le plus dans l’exercice de la rue reste le contact direct avec le public, les réactions immédiates lorsqu’il colle ou peint. Les gens sont surpris et ralentissent le pas pour observer ce qu’il fait. La rue présente aucune contrainte du point du vue du format, laisse libre court à sa créativité, sa volonté. Seul petit hic pour un artiste, l’oeuvre reste fragile et éphémère dans ce lieu. Il faut accepter cette possibilité de voir disparaître l’oeuvre et d’abandonner toute attache à lui.
Le street art, parlons-en. Pour Seb Bouchard, le street art est « une histoire d’interaction entre l’art, l’environnement et le public ». L’occasion aussi de rendre l’art plus accessible et populaire.
Toujours dans cet esprit de contradiction qu’est l’art aujourd’hui, existe-t-il une différence entre cet art urbain, street art que l’on voit apparaître de plus en plus dans des galeries d’art et l’art contemporain. J’ai voulu connaître le point de vue de l’artiste sur le sujet.
« L’art urbain/street art explose à une époque où apparaît la mise en réseau de connaissance (avec Internet). Du coup Banksy, street artiste, est plus connu par le grand public et partagé que Beuys, artiste contemporain, connu uniquement par les férus d’art. Le street art et l’art contemporain ont donc leur place dans l’histoire de l’art, pour des raisons différentes, j’attends de voir la reconnaissance de l’art urbain et son rôle social par les institutions. »
Un monde sépare encore ces deux axes de l’art. Malgré tout, selon lui, le street art est loin de disparaître.
« La rue est la galerie la plus accessible pour un artiste débutant, je ne vois pas pourquoi cela ne continuerait pas. »
Et crois-moi, on ne veut pas que ça disparaisse, loiiiin de là.
Et Maurice du coup ?
Et oui, on ne part pas sans la traditionnelle question “Que penses tu du prénom Maurice ?”. Alors sache qu’on est des chics types !
« Sympa, décalé, et c’est mon second prénom de naissance »
On a tous en nous une part de Maurice, c’est indéniable, ahah !
C’est ainsi que s’achève l’interview de l’artiste aux mille facettes et couleurs, Seb Bouchard.
Je voudrais remercier par ces quelques mots de la fin les artistes qui nous permettent de sortir de notre quotidien, et qui nous changent les idées en ces temps difficiles, oppressants.
Considérés comme des emplois-activités non-essentiels aux yeux du gouvernement, il est temps de leur rendre hommage et de les remercier pour ce qu’ils sont et font pour nous. Créativité, échappatoire ou délivrance, les artistes espèrent de par leur art déclencher émotions, actions ou tout simplement divertissement aux spectateurs.
Alors si toi aussi, tu as été, au moins une fois subjugué, étonné, interloqué ou encore apaisé par un tableau, collage, … N’hésite pas à le dire à l’artiste et à le soutenir.
C’est le plus beau des cadeaux.
Voilà, voilà pour ce petit aparté.
J’espère que tu auras (re)découvert un chouette artiste, que cet article te donnera envie de lui donner de la force sur Instagram, ou peut-être le chercher dans les rues de Nantes ou d’ailleurs.
En attendant,
Prends soin de toi,
A très vite,
Margaux